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Françoise Carré

Artiste plasticienne, Paris
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Mer, presque comme une peinture

Mer !

June 11, 2024

Mer !

C’est le troisième mot que tu auras dit. Après Papa et Maman. Mer. Et tu pointes ton doigt minuscule vers la grande flaque bleue, qui bouge, bleu-vert, qui brille, bleu-gris, et qui déjà te fascine.

Mer. Tu n’en as pas peur, tu n’en as jamais eu peur. Dès que tu as compris que ce n’était pas une image, que ça bougeait, tu es allée y voir de plus près. Tu ne marchais pas encore et déjà filais vers elle, vers le bleu scintillant qui s’étendait derrière ton seau, comme un bébé tortue juste né court à travers la plage se jeter dans ses flots.  Cette chose qui bouge, qui brille, et qui mouille quand on s’approche, qu’est ce que c’est ?

Son goût salé ne t’a pas dégoutée, tu en redemandes. Mer ! Tu cours à sa rencontre, sans comprendre pourquoi elle se retire, revient, repart encore, te glisse entre les doigts, fraîche et un peu poisseuse aussi.

Mer. Chaque matin, dès que tu te réveilles et que je te prends dans mes bras — moment de retrouvailles où je te tiens contre moi, chaude et douce, avec ton odeur de pipi, de lotion, de tiédeur sucrée, si fraîche — d’une main qui me chatouille du agrippes ma nuque, de l’autre tu appuies sur le bouton du store pour qu’arrive l’objet de ta jubilation : mer ! Ton doigt de poupée pointé vers l’étendue vaste et luisante qui émerge du matin, tu es hilare, et moi aussi. Tu le sais, je le sais, elle est là, qui nous attendait derrière le rideau, et tu me la montres, regarde, avec une joie victorieuse, chaque matin renouvelée. Pour cette seconde-là et ce mot que tu cries comme tu ries, je suis prête à mourir dix fois. Tant je t’aime tant. Et tant d’aimer la mer.

Mercredi dernier, à Paris, nous avons lu un livre de poissons et de bateaux, et bien sûr nous avons parlé d’elle. Tu as pointé ton index vers la fenêtre, mer ! Mais devinant l’ombre figée du balcon d’en face à travers la grisaille d’une vue sans ciel, tu as ajouté : pas là. Deux mots de plus à ton répertoire. Et oui mon amour, pas de mer à Paris, même pas en rêve. Tu a insisté, pas là, déçue, je l’ai bien senti, mais déjà courageuse, lucide, pas là, pas de mer à Paris, et puis joyeuse, pala, prenant plaisir à la découverte de ce nouveau mot, pala, clair et sonnant, doux, caressant, pala.

Pala. J’ai répété moi aussi, gaiement, pas là, pas de mer à Paris, je voulais te consoler, te prémunir d’une déception, pas là, mais bientôt, en vacances, tu verras, on retrouvera la mer, la mer si belle, tu te rappelles ? La mer qui brille, qui mouille, le bruit des vagues ?  Et j’ai entendu l’écho de ce manque et du désir attaché qui venait d’éclore en toi. Mer !

Voilà, c’était fait, tu venais de l’inscrire en toi pour toujours.

D’inscrire cette étendue bleu-absolu qui va désormais t’accompagner partout, tu en as gravé l’image au plus profond de ton âme naissante, et désormais, où que tu sois, elle sera là qui brille, qui mouille et qui chante pour toi, pour toi-seule, pour t’assurer de son immuabilité et de la continuité du monde. Mer ! Désormais, quand le biberon n’arrivera pas à assez vite, qu’un bruit te fera sursauter, que le sommeil tardera à te prendre, tu auras, bien gardé au fond de ta mallette de survie, Maman, Papa et la mer.

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Du vêtement comme discours

Comme la parole, le vêtement est le propre de l’homme, et les mots comme le fil de la toile nous enveloppent.

Des mots filés, pour tisser du sens, donner matière à notre pensée, et l’ouvrir à l’autre.

Des mots posés pour donner parole à un objet, un geste, un mouvement, en accompagner l’élan, le laisser résonner, et écouter l’invisible.


Portrait de Françoise Carré

Françoise Carré a travaillé dans la mode comme directrice de style, puis dans l’économie solidaire. Elle est par ailleurs écrivain, en littérature adulte et enfantine et elle a fait de la recherche sur le vêtement à la Sorbonne.
Depuis 15 ans, son travail de création de sculptures textiles relie ces expériences.


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